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Bousculer les repères, les émotions, les certitudes: Quand changer de pays bouleverse tout!

L’expatriation, c’est un peu comme un grand saut dans l’inconnu. On se prépare, on organise,

on part. On croit que les grandes valises, les papiers à remplir, et les départs stressants sont le vrai défi. Mais ce que l’on oublie souvent, c’est que le plus grand bouleversement, celui qui nous marque durablement, ne se trouve pas dans le fait de changer de pays. Il se joue dans notre intimité la plus discrète, celle que personne ne voit.


Je me souviens encore de ce moment où, une fois installée, j’ai eu cette étrange sensation d’avoir tout bien fait, et pourtant de ne pas savoir qui j’étais dans ce nouvel environnement. J’étais là, présente, mais en même temps, j’étais un peu ailleurs. Perdue entre une vie d’avant et une vie qui se construit dans l’ombre de mes repères.

Ce n’est pas qu’on ne voulait pas partir. Ce n’est pas qu’on ne savait pas ce qu’on faisait. Mais il y a des choses qu’on ne peut pas anticiper. Des zones d’inconfort qu’on ne sait pas qu’on va rencontrer. Parce que partir, c’est aussi se retrouver seule face à ses propres émotions, ses propres questionnements.

On dit souvent que l’expatriation, c’est un grand voyage, une aventure enrichissante. Et, en effet, elle l’est. Mais elle nous change, parfois même de manière violente, et ce changement ne se voit pas. Il ne se voit pas dans les sourires qu’on offre aux autres. Il ne se voit pas dans la beauté des paysages ou dans le confort d’une nouvelle maison. Il se cache dans ces petites fissures invisibles, dans ce sentiment de vide, ce moment où on ne sait plus qui on est.


Ce que personne ne nous dit, c’est que, dans ce grand saut, il y a des zones d’ombre. Il y a cette solitude qui ne part pas, même entourée de gens. Il y a cette fatigue qu’on porte, invisible, ce sentiment d’être un peu étrangère à soi-même, même si on parle la langue.

Et puis, il y a le silence.

Le silence des attentes. De ce qu’on croit devoir être. De ce qu’on croit devoir faire.

Ce silence qui peut devenir lourd, presque oppressant, quand tout autour semble facile pour les autres. Mais pour nous, chaque petit geste devient un défi. Trouver sa place, comprendre ce qui nous est demandé, oser poser ses limites, prendre soin de soi.

Il y a des jours où ça semble insurmontable, où le moindre détail devient une montagne. Et c’est dans ces moments-là qu’on se sent seule. Seule avec ce que l’on porte. Seule avec ce que l’on ressent. Seule face à ce que l’on n’a pas prévu.


Mais sachez-le, vous n’êtes pas seules.


Parce qu’il y a des femmes, comme vous, qui traversent les mêmes remous silencieux à l’autre bout du monde.

Parce qu’il y a des regards croisés dans une école, un supermarché, un café, qui disent « moi aussi, je comprends ».

Parce qu’il y a des groupes, des cercles, des espaces créés pour se rassembler, pour poser des mots sans avoir à s’expliquer.

Parce qu’il y a parfois des inconnues qui deviennent des sœurs de vie, des liens tissés plus vite qu’on ne l’aurait cru, dans la vulnérabilité partagée.

Parce qu’il y a des professionnels bienveillants, des accompagnantes, des thérapeutes, des femmes qui ont choisi de faire de ce passage un chemin plus doux pour les autres.


Tu n’es pas seule, parce qu’un nouveau monde se tisse autour de toi, lentement peut-être, mais sûrement.

Un monde qui ne demande qu’à t’accueillir sans que tu aies à forcer, à prouver, à gommer qui tu es.

Un monde fait de partages, d’expériences, de rituels à inventer, d’émotions à déposer.

Et parfois, ce monde commence par une seule conversation.


L’expatriation, ce n’est pas juste une aventure géographique. C’est une aventure intérieure. Une aventure qui, parfois, nous confronte à nos limites, mais qui peut aussi révéler des facettes de nous-mêmes que l’on ignorait. On peut s’y perdre, certes. Mais c’est aussi là qu’on apprend à se retrouver autrement.

Alors, oui, l’expatriation remue. Elle remue nos repères. Elle remue nos certitudes. Elle remue nos émotions. Elle nous pousse à sortir de nos zones de confort, et parfois, c’est une secousse. Mais c’est aussi une chance. Une chance de nous redéfinir, de faire tomber les masques, de choisir, enfin, qui nous voulons être.


Et même si ça n’est pas facile tous les jours, même si ça prend du temps, sachez que vous n’êtes pas seules dans cette quête. Chacune de nous porte ce chemin à sa manière. Et il est possible, avec du temps, du soutien, et de la bienveillance envers soi, de grandir à travers cette expérience, de se reconstruire autrement, de faire de cette expatriation non pas une épreuve, mais une belle opportunité de se réinventer.


Là où nous pensons être perdues, c’est parfois là que nous nous trouvons enfin.


SORORITE
SORORITE

 
 
 

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